The Serpent - le venin en exil
- Des séries et des livres
- 13 avr. 2021
- 3 min de lecture
Décidément la tendance est aux mini-séries ! C'est Netflix encore une fois qui revient sur le devant de la scène avec cette série biopic sur le tueur en série Charles Sobhraj. A la fois glaçant et hypnotisant, elle revient sur un feuilleton diplomatico-judiciaire des années 70 à nos jours.
Origine : Royaume-Uni, Netflix x BBC
Nombre de saison / épisodes : 1 saison / 8 épisodes
Date : 2021
Auteurs : Richard Warlow, Toby Finlay
Acteurs : Tahar Rahim, Jenna Coleman, Billy Howle

Alors, The Serpent ça parle de quoi ?
Charles Sobhraj, alias Alain Gauthier, d'origine indo-vietnamienne se présente comme un marchant de pierres précieuses. Il est élégant, très beau et séducteur. Il s'impose par son charisme et ses connaissances. Marie-Andrée Leclerc, jeune québécoise croise sa route en vacances et tombe sous son charme. Ensemble, ils deviennent Alain et Monique Gauthier, couple parfait aux yeux du monde à Bangkok. Entre soirées enivrées à Kanit House, résidence cossue avec piscine du centre-ville, Charles et son acolyte indien Ajay repèrent de jeunes touristes hippies dont ils convoitent le passeport et les chèques touristiques.
De l'administration à leur insu de drogues jusqu'au meurtre, les agissements du trio vont attirer l'attention d'un jeune diplomate néerlandais Herman Knippenberg qui va mener l'enquête, jusqu'à l'obsession.
Au fil des épisodes, The Serpent retrace le parcours criminel d'un couple qui fascine au premier abord, drogue au deuxième et assassine au dernier.
Le raisonnement de Charles est assez simple au départ, ses victimes sont aisées et les délester de leurs bijoux, argent et pièces d'identité ne leur fera pas grand mal. Monique quant à elle, fait semblant de ne pas voir qu'il glisse lentement mais sûrement sur la pente des meurtres en série.

Alors, pourquoi j'ai aimé ?
Je l'ai déjà dit, j'aime particulièrement quand une série aborde des faits réels. Encore plus quand elle le fait aussi bien.
Le scénario a été adapté pour respecter les familles des victimes car les actes commis par Charles Sobhraj sont encore récents alors qu'il purge actuellement une peine d'emprisonnement au Népal.
Les premiers épisodes sont prenants, parfois même difficiles à suivre. Le scénario alterne les plans entre passé et présent de la narration. Ces ellipses, bien que signalées, ne sont pas toujours simples à appréhender et cela a pu me gêner pour bien comprendre. Autre point, la VO alterne entre anglais, néerlandais et français mal parlé (sauf pour Tahar Rahim bien sûr).
Chaque épisode se concentre sur une victime avec des manques volontaires d'explications. Il faut attendre les trois derniers épisodes pour que le puzzle se mette en place sous nos yeux et que tout prenne sens. La fin de la série accélère et le spectateur reste estomaqué devant les pirouettes de Sobhraj, d'autant plus quand on sait qu'elles ont été réelles.
Un autre aspect intéressant est le traitement des personnages. La force du scénario est de ne pas provoquer un attachement particulier aux victimes, contrairement à celui induit par les autres personnages principaux. Charles, Marie-Andrée et Ajay ne sont pas montrés uniquement de manière diabolique ; leurs multiples facettes, doutes et complexités sont également mis en valeur ponctuellement. Les acteurs ont su s'approprier et entrer dans la peau des gens qu'ils incarnent. Tahar Rahim témoigne pour sa part avoir eu besoin de beaucoup de préparation pour devenir Charles le plus justement possible.

Enfin, un point sur le visuel comme toujours. Le spectateur est plongé dans les années 70, en Asie du sud-est. Période hippie s'il en est, les directions des costumes et des décors sont confiés à des spécialistes thaïlandais et indiens. Ils créent un univers parfaitement beau et cohérent au service du macabre. Les couleurs vives, motifs imposants et beaux volumes tranchent avec la violence insidieuse des agissements du trio. Amateurs de cravates improbables et pantalons "pattes d'eph" seront ravis. Enfin, les plans alternent images vieillies reconstituées en plan large et vues sur les personnages. Cet effet de réalisation donne du dynamisme aux épisodes, ce qui est plutôt appréciable !
Pour conclure, cette série m'a captivée autant qu'elle m'a intriguée. L'ouverture sur une interview plante d'entrée de jeu la psychologie insondable de Charles Sobhraj. Dès les premiers instants, j'ai été saisie et j'ai voulu en savoir plus. Une très bonne manière de commencer ce biopic pour accrocher durablement.
Bon visionnage !
S.
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