Mrs. America, to be or not to be a housewife ?
- Des séries et des livres
- 11 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 avr. 2021
Retour dans les 70s avec cette série qui retrace l'histoire du féminisme aux Etats-Unis
Origine : USA, Fx, disponible en France sur Canal+
Nombre de saison / épisodes : 1 saisons / 9 épisodes
Date : 2020 - terminée
Auteur : Dahvi Waller
Actrices : Cate Blanchett, Sarah Paulson, Rose Byrne

Souvenez-vous, grosses lunettes, motifs fleuris et cheveux longs pour les unes, couleurs pastels, cols lavallière pour les autres. Alors que la ségrégation raciale prend fin (uniquement) sur le papier aux Etats-Unis, les femmes comptent bien user de cette période de remise en cause des codes sociaux pour faire progresser leurs droits !
Alors Mrs. America ça parle de quoi ?
Les auteurs décident de relater l'histoire du féminisme sous un angle peu commun : celui de ses opposantes et de leur chef de file : Phyllis Schlafly (Cate Blanchett). Si les féministes revendiquent leur droit de mener leur vie libérée d'un homme, avec un emploi rémunéré correctement, elles au contraire font valoir leur droit d'être femme au foyer. Qui plus est, ces femmes, blanches, mariées, mères, républicaines, clament haut et fort leur attachement aux valeurs familiales traditionnelles.
Phyllis Schlafly est mère de 6 enfants, épouse d'un grand avocat de l'Illinois, et elle compte bien défendre ses privilèges. Pour elle et ses amies, l'Equal Rights Amendement (ERA) viendra fragiliser la position des femmes, notamment en cas de divorce, et l'avortement est un crime qui affaiblira le pays face à la menace rouge. Face à elle, notamment Gloria Steinem et Betty Friedan revendiquent le droit de toutes les femmes à disposer de leur corps (notamment la dépénalisation de l'avortement), et à aimer qui elles veulent.
La série se concentre sur la bataille politique pour faire passer le projet de loi ERA qui viendrait modifier la Constitution des Etats-Unis pour y inscrire l'égalité des sexes. Chaque épisode opère un zoom sur un personnage clé d'un des deux camps et reprend le compteur des Etats ayants ratifié le texte alors qu'il en faut 38 au minimum pour que l'amendement soit entériné.
A noter, j'ai lu qu'à ce jour, 12 Etats fédérés n'avaient toujours pas ratifié ce texte dont par exemple la Floride. Le feuilleton politico-juridique est donc toujours en cours !
à g. Phyllis Schlafy | à dr. Cate Blanchett
Alors pourquoi j'ai aimé ?
Outre la piqûre de rappel sur l'état d'avancement de la lutte pour les droits de toutes les femmes, (spoiler alert c'est pas encore gagné), Mrs. America fait oeuvre de pédagogie et de sociologie. La volonté de montrer de manière égale (en temps, comme en symboles) les deux camps m'a semblée originale et intéressante. Bien souvent, au cinéma comme à la télévision, les biopics retracent ce combat uniquement sous l'angle des féministes.
Ici, la critique des positions traditionalistes se fait par leur démonstration. En montrant l'homogénéité du groupe, les actrices illustrent les limites du mouvement STOP ERA. En effet, comment défendre le droits des femmes à vouloir rester à la maison et à s'occuper des enfants, quand cela signifie parcourir le pays (dé)laissant le foyer ? Comment affirmer qu'on veut pouvoir choisir d'être soumise à son mari quand cette revendication implique de devoir lui voler la vedette sur sa propre scène politique ?
De l'autre côté, les luttes internes au camp des féministes sont aussi passés au vitriol. Comment lutter pour le droit de toutes les femmes quand parmi les militantes certaines sont ouvertement homophobes ? Comment se positionner en tant que femme luttant contre les privilèges quand on est éduquée, aisée et blanche ?

D'un point de vue visuel maintenant, la colorimétrie est franche. Beaucoup de tons froids, bleus et pastels pour le camp des Républicaines. Ce qui contraste avec les tons jaunes, marrons, orange des féministes Démocrates. Visuellement c'est très clivant et donc très réussi.
Et que dire de l'incroyable casting ! Cate Blanchett interprète avec beaucoup de justesse l'épouse et ses contradictions. Sarah Paulson, toujours aussi magistrale, est la femme timide mais volontaire. Côté féministes, on retrouve Uzo Aduba, déjà vue dans Orange is the new black, dans le rôle d'une femme politique noire, tout un programme dans les années 70 !
J'espère que ces nombreuses lignes (mais comment faire moins) vous donneront envie de regarder cette série !
Bon visionnage !
Sarah.
sources images : Pinterest ; Britannica ; Firstpost.
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