Big Little Lies : au delà des apparences
- Des séries et des livres
- 10 oct. 2020
- 4 min de lecture
Big Little Lies, c'est la série qui a fait sensation sur TF1 à la rentrée. Et pour cause, un casting brillant, un scénario pensé et entraînant faisaient de cette série un bon pari pour la première chaîne. On en redemande !
Origine : Etats-Unis, HBO disponible sur OCS, myCanal, MyTF1VOD
Nombre de saison / épisodes : 2 saisons / 14 épisodes
Date : 2017 - 2019
Auteurs : David E. Kelley
Acteurs : Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Zoë Kravitz, Laura Dern

Big Little Lies (BLL), ça parle de quoi ?
Trois femmes, trois mères qui se rencontrent grâce à leurs enfants, élèves dans la même école privée élitiste, échangent sur leurs vies. La mère au foyer, Céleste, la mère qui travaille dans le monde du théâtre, Madeline et la mère qui galère, Jane. Elles ont toutes les trois leur secret et vont nouer une amitié sans faille à mesure qu'elles comprennent qu'elles ont bien plus en commun que l'école de leurs enfants.

Leur histoire nous est contée au travers d'une enquête sans que l'on sache encore pourquoi. Les personnages secondaires (autres parents d'élèves et équipe enseignante) sont en salle d'interrogatoire et racontent leur version du drame. Pourtant, nous en saurons bien plus qu'eux au fil des épisodes. A côté du drame, c'est aussi les histoires de leurs enfants à travers les yeux des parents qui est présentée à nous.
Alors pourquoi j'ai aimé ? - Sarah
Premièrement pour l'écriture des personnages. Elles sont attachantes et s'éloignent du cliché de la housewife fortunée. Chacune à leur manière, elles nous plongent dans leur psychologie, leur vision de leur monde et c'est plaisant. Les sujets abordés, l'adultère, la rancoeur après un divorce, le viol, être une femme battue, le sont de manière non manichéenne. Cet aspect range BLL avec les grandes séries dramatiques. Le pari de donner la parole à une femme battue riche et belle, bien insérée dans la société est fort. Il montre également les mécanismes d'emprises psychologiques qui font que cette femme reste aux côtés de son mari, qu'elle va jusqu'à le défendre. Cet aspect de l'intrigue nous interroge sur quelle serait notre attitude face à une telle situation. De la même manière, le thème du viol et des conséquences sur l'enfant qui en naît est important. Comment répondre aux questions d'un enfant sur ses origines alors que la mère elle-même n'a pas encore réellement géré son agression?
Les mères devenues amies sont solidaires alors qu'un des enfants est accusé par une autre de la harceler physiquement et moralement. Cette affaire scolaire devient une affaire entre mères qui défendent leurs enfants et en font une affaire personnelle au delà de la cour de récréation. Il faut à ce titre souligner la justesse du jeu des enfants, notamment celui de Iain Armitage aka Ziggy (que l'on avait déjà vu dans Young Sheldon).
Ce qui nous amène au point suivant : la qualité du casting. Il est digne d'un film hollywoodien. Nicole Kidman (Céleste), Reese Witherspoon (Madeline), Shailene Woodley (Jane) et Zoë Kravitz (Bonnie) y campent les personnages féminins forts et tourmentés. Les hommes sont eux incarnés par des visages déjà bien connus des sériephiles.

Les plans entrecoupés par des images de mer déchaînée qui se brise sur les rochers sont visuellement très réussis et apportent les pauses nécessaires au récit. Quant à la technique du flashback, utilisée ici à titre principal - les séquences dans le passé étant prédominantes sur les séquences au présent - elle rappelle fortement la série The Affair.
A nouveau c'est une intrigue policière qui est habillée par le récit principal. Jusqu'à la fin du dernier épisode, on ne sait pas qui est mort ni qui est coupable. Le suspense et l'envie de passer à l'épisode suivant ne sont pas ici entretenus par un cliffhanger facile mais bien par le scénario au cours des épisodes.
Pour finir, il faut saluer la direction de la photographie de la série. Les images et la gamme chromatique sont pensées pour installer une ambiance d'apparente proximité avec les personnages.
Mon conseil est donc de prendre son temps pour regarder les épisodes. Laisser s'étirer la série sur un temps long me semble plus qu'opportun pour appréhender sa qualité.
Bon visionnage !
Sarah.
Pourquoi j'ai aimé? - Maria
Je vous avoue très sincèrement que je ne m'attendais à la qualité de la série, ni à une telle réussite. Mon seul regret, en tant qu'humble spectatrice, était qu'on ne poursuive pas le tournage d'une troisième saison.
Big Little Lies est l'une des meilleures séries que j'ai eu l'honneur d'avoir regardé. Elle mêle deux genres que l'on affectionne particulièrement, le policier et le drama. Pourtant, elle n'exclut pas l'humain de l'équation tant par la finesse du scénario que par la subtilité des personnages. En effet, la représentation de la société américaine contemporaine est vraisemblable: la vie tranquille d'une petite ville de Californie, la mauvaise foi des racontars, la famille selon différents modèles sociologiques.
La série témoigne d'un certain réalisme, sans gommer ce qui peut être négatif ou dérangeant. Elle reste fidèle à une vision du monde qui représente à la fois le positif et le négatif. On est touché par la nostalgie et l'émotion des paysages marins, où les vagues s'écrasent contre des rochers. On est touché aussi par la maternité, l'innocence des enfants et l'amour d'une mère. Mais la série suscite aussi l'indignation, la révolte contre l'injustice.
Big Little Lies est d'ailleurs intéressante dans sa représentation de la femme. La série pourrait être interprétée comme féministe car elle dénonce des rapports de pouvoir insidieux. Par exemple, la posture des hommes est montrée comme passive devant l'injustice, ou abusive sur un plan psychologique, physique ou sexuel. Mais les femmes aussi peuvent être complices de tels comportements, comme la belle-mère de Céleste. Ce qui est intéressant dans la série, c'est la dimension implicite de ce qu'elle dénonce et les non-dits. En tant que spectateur, on est pris de court par la banalité du mal dans les rapports humains.
Enfin, le casting est remarquable. J'ai particulièrement apprécié le jeu de Reese Witherspoon par sa vivacité et sa présence, et Shaileene Woodley, qui est faite pour les rôles dramatiques. Meryl Streep était aussi très convaincante dans son rôle.
Maria.
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