It's a sin - de manquer cette pépite !
- Des séries et des livres
- 23 mars 2021
- 3 min de lecture
Une autre époque, une autre épidémie...
Origine : Royaume-Uni, Channel 4
Nombre de saison / épisodes : 1 saison / 5 épisodes
Date : 2021
Auteur : Russel T Davies
Acteurs : Olly Alexander, Lydia West, Omari Douglas

Alors, It's a sin ça parle de quoi ?
La série nous fait suivre le quotidien de trois jeunes homosexuels, Richie, Roscoe et Colin quand ils débarquent à Londres, au tout début des années 80. Ils sont jeunes, libres, découvrent leur sexualité et ont soif d'expériences. Etudiants ou déjà dans la vie active, un élément les rassemble, l'appartement qu'ils partagent à cinq avec Jill et Ash.
L'épidémie du VIH devient une préoccupation mais pas tout de suite et pas pour tous. Entre déni, homophobie ambiante, et premiers deuils, les cinq protagonistes assistent à la propagation de ce mal, chacun à leur manière.
Alors, pourquoi j'ai aimé ?

It's a sin s'inscrit dans le lancement d'une rubrique queer, intitulée Hello sur la plateforme MyCanal. Pour rappel, MyCanal c'est l'outil de SVOD du groupe Canal+. Sur Hello, vous allez retrouver à la fois des films, des documentaires et donc des séries qui parlent de thématiques LGBT+.
C'est une jolie avancée tant ces contenus étaient éparpillés et difficiles d'accès. La question de la visibilité culturelle de la communauté Queer est d'ailleurs posée dans un épidode de la série par Ash.
J'ai tout d'abord aimé cette série pour son engagement communautaire. Elle ouvre un débat : comment concilier liberté individuelle totale et impératif de sécurité sanitaire ? Dit comme ça, ça parait très contemporain n'est-ce pas ?
Il faut se remémorer l'époque. au début des années 80, la libération sexuelle semble à son aboutissement. Ces jeunes quittent leurs petites villes conservatrices pour rejoindre Londres, la capitale libérée, et vivre pleinement leur vie. Pourtant, des hommes commencent à succomber à ce curieux cancer qui ne semblent toucher que les gays. Alors des voix s'élèvent pour appeler à la prudence, à la précaution. Mais pour d'autres, c'est une nouvelle entrave à leur liberté d'aimer, si âprement gagnée.
Le brio de la mini-série tient à sa capacité à montrer les différents points de vue en seulement 5 épisodes. En si peu de temps, Russel T Davies parvient à nuancer notre regard. Chaque protagoniste a son rapport au VIH et agit en conséquence. La série ne tombe pas le voyeurisme de corps malades, au contraire elle insiste sur la vie avant tout.

It's a sin n'est pas non plus moralisatrice. Elle montre l'insouciance, la joie, la jouissance de cette jeunesse qui a choisit de vivre sans se soucier du péril.
Cette grande qualité s'explique en partie par son réalisateur. Russel T Davies est à l'origine d'une autre grande mini-série : Years & Years. Il maîtrise ce format et parvient à réaliser un premier épisode qui frôle la perfection ! Tout y est. Les personnages sont introduits, le scénario est planté et la petite graine de l'intérêt pour eux commence à germer chez le spectateur. Le réalisateur se paye même le luxe de demander à Neil Patrick Harris, (Barney dans How I Met Your Mother et militant pour les droits LGBT+ dans la vraie vie) d'interpréter un personnage clé pour ce seul premier épisode.
Les acteurs sont beaux, le jeu des éclairages aussi. L'ambiance de l'époque est plutôt fidèlement reconstituée, apportant un charme teinté de nostalgie.

J'ai aimé retrouver des acteurs anglais comme Olly Alexander (Skins, mais aussi le film plus confidentiel The Riot Club), Lydia West (Years & Years). J'ai aussi beaucoup aimé découvrir Omari Douglas (qui campe ici Roscoe) et Callum Scott Howells (qui interprète Colin).
Encore une fois, les décors sont très bien faits. Les plus tatillons repèreront sûrement quelques anachronismes, mais il faut vraiment les chercher (et je cherche encore, bien que non spécialiste). C'est avant tout le scénario qui m'a emportée et fait regarder tous les épisodes en une après-midi. L'image est un atout qui vient parfaire l'objet sériel et non un simple support.
Enfin, évidemment une série sur le VIH puis le SIDA n'est pas une comédie avec un happy end ! Néanmoins, c'est une saveur douce amère qui vous restera si, comme moi, vous l'apprécier à sa juste (grande) valeur.
Et pour aller plus loin, je vous recommande la lecture du livre La meilleure part des hommes de Tristan Garcia (que vous pouvez vous procurer ici). Vous verrez certaines similitudes sont frappantes... Si vous avez toujours le moral, vous pourrez aussi vous attaquez aux bien connus Michel Foucault et Hervé Guibert qui vous éclairerons sur les années SIDA.
Bon visionnage !
S.
Source images : allocine.fr
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